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Interview parue dans la version papier de WANKR (N°1 Novembre 2016)

Situé Paris 17ème arrondissement de Paris, le studio Sanhugi est une affaire de famille dont l’activité est le tatouage et la coiffure. Rencontre avec cette équipe accueillante qui nous fait découvrir son univers pluridisciplinaire et cosmopolite.

Comment avez vous monté Sanhugi?
Au départ, il y avait Roselyne et Alain qui ont monté le salon de coiffure et Pascal qui était tatoueur. Ils ont toujours voulu travailler ensemble et mélanger les deux univers. Ils travaillaient à la base chacun de leur côté, le temps de trouver quelque chose à Paris, Roselyne a trouvé le premier local. Elle a eu l’occasion de monter la boutique, donc elle l’a fait avec Alain et Pascal. Ils m’ont proposé de les rejoindre vu que je suis également tatoueur, pareil pour Christophe. Du coup, on a intégré Sanhugi à ce moment-là.

Vous êtes combien en tout?
Au départ, en 2010, on était Six. On avait qu’un seul salon, Roselyne et Alain en coiffure et Christophe et moi en tatouage. Il y avait aussi notre oncle Jacques, qui est parti maintenant. On a bossé comme ça pendant cinq, six ans. Après il y a les filles qui nous ont rejoint. C’est un cercle assez familial à la base et on a gardé cet esprit-là. Ce ne sont que des proches qui entrent dans l’équipe de Sanhugi. Quand l’équipe est au complet, on doit être onze ou douze en comptant les guests.

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Ok, vous avez des guests de temps en temps…
Il y a Roberto, l’ex patron de chez Art Corpus, qui bosse avec nous. C’était lui l’organisateur du Tattoo Art Fest, justement. Il bosse avec nous, d’ailleurs c’est aussi le mari de Roselyne. On bosse aussi de temps en temps avec Lionel Fahi, il y a aussi Léa Nahon qui passe de temps en temps, ainsi que d’autres, rencontrés en conventions. Généralement ça se passe bien.

A quoi ressemble la clientèle de Sanhugi?
On va dire que la tranche d’âge de notre clientèle se situe entre trente et cinquante ans. Une clientèle assez mature. Généralement ils sont bien posés, ils savent ce qu’ils veulent. Par contre ils viennent de tous les milieux socio-professionnels. Ça va de l’artiste musicien, à l’acteur, au mec qui bosse dans la finance, du secteur médical, c’est très varié, il y a de tout. Ils viennent de tous les horizons.

Quelle est la philosophie de votre salon?
La philosophie? Je dirais essayer de se faire plaisir avant tout. Être passionné, être à l’écoute de chaque personne et d’échanger.

Et sinon en terme de tatouage, y a t’il un style propre à Sanhugi?
Apparemment les gens reconnaissent notre patte graphique. On dessine de tout en fait. Nous on vient du dessin à la base avant de nous mettre au tattoo. On a essayé de retranscrire cet univers dans le tattoo en passant du papier à la peau. Tout ça en intégrant les codes du tatouage, du coup les deux univers se sont mélangés. On est malgré tout à fond dans le style asiatique, Pascal, Christophe et moi. Mais ça c’est fait indépendamment de nous, c’est ce que nous demande notre clientèle. Mais avec tous les guests qui gravitent autour de nous on a un éventail assez large quand même.

C’est un cercle assez familial et on a gardé cet esprit là. Ce ne sont que des proches qui entrent dans l’équipe.

Du coup pas mal de personnalités sont passées chez vous,non?
Pas énormément non plus, j’ai pas de noms en tête là (rires).

Secret professionnel?
Non, ça va. Là récemment il y a les mecs de ShakaPonk. On a un bon échange avec eux, ça se passe bien. Il y en a d’autres, ça se passe bien.

Votre travail est très riche en détails. Quel a été votre plus gros challenge en terme de pièce?
Ben, on l’a pas encore fini, on est dessus : un client nous a demandé un thème sur les sept péchés capitaux. Un projet qui prend à peu près tout le corps, les bras, le dos, le torse. Je crois que c’est un de nos plus gros challenges, parce que représenter les sept péchés capitaux, c’est pas évident. De relier ça en image et sur le corps, ça représente un gros travail. Oui sacré challenge!

Ok, ce n’est pas fini mais, cela représente quoi en terme de durée de travail?
Difficile à dire mais là pour le moment on en est à une centaine d’heures à peu près. Gros chantier donc. Il y a beaucoup d’heures de travail sur chaque pièce, car c’est très détaillé. Ça demande beaucoup de temps en terme de travail.

Vous faites des petites pièces aussi?
Bien sûr! On a des tatoueurs qui s’occupent de ça. Ici chacun a son rôle. A l’époque avec Pascal et Christophe, on ne s’occupait que des grosses pièces, on n’avait pas le temps de s’occuper de tout le monde. Les grosses pièces sont évidemment celles sur lesquels on s’éclate le plus et étonnement, parfois on perd plus de temps sur les petites pièces pour diverses raisons. Mais oui, on fait vraiment de tout ici.

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Le milieu du tatouage est connu pour être très concurrenciel mais en même temps très solidaire. Tu confirmes ou pas?
Oui je confirme, je ne connais pas tous les tatoueurs mais généralement c’est un bel échange. Après je ne dirais pas vraiment concurrentiel. Chacun a sa patte, chacun a son style et je pense vraiment qu’il y a de la place pour tout le monde. Sur les millions de gens ne serait-ce que sur Paris, il y a de quoi faire. Donc je ne dirai pas vraiment concurrentiel. Je pense que c’est une bonne chose qu’il y ai du monde dans ce secteur, ça permet de voir de nouveaux courants émerger, des nouveaux tatoueurs…

Je pense que c’est une bonne chose qu’il y ai du monde dans le secteur du tatouage.

Oui mais quand même, depuis quelques années, il y a un véritable engouement…
Il y a un gros boom de tatoueurs qui est lié à une forte demande. Et il y a aussi la technique aujourd’hui qui fait qu’avec les nouvelles machines il est plus facile de faire des choses vraiment sympas, même si à l’époque on pouvait déjà les faire. Du coup c’est plus facile pour les nouveaux qui arrivent qu’à l’époque où il fallait tout faire soi-même. De A à Z! Tes aiguilles, fallait les souder etc. C’est moins contraignant aujourd’hui, mais c’est une bonne chose. Quand tu débutais à l’époque, c’était beaucoup plus dur. T’avais pas les infos sur internet…

Oui! Il y a des tutos, t’as des mecs qui te montrent comment ils bossent…
Exactement! A l’époque quand tu te retrouvais tout seul avec ton client et que t’avais mal soudé tes aiguilles par exemple, c’était compliqué! (rires) C’était l’époque!

Y’a t’il des motifs que vous ne faites pas?
Oui il y a des motifs que l’on ne fait pas quand ça sort un peu trop de notre style. Il y a des gars doués pour ça. Quand ça sort trop de notre univers, on redirige vers d’autres tatoueurs. Ou il y a des choses qui sortent de nos convictions… Il n’y a pas beaucoup de choses, sans rentrer dans la religion ou la politique, mais le mec qui vient pour une croix gammée n’est clairement pas à la bonne adresse. Mis à part ça, non. Si ça sort trop de notre style, on ne le fait pas.

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Le mec qui te demande un tatouage latino, c’est non.
Ben, je peux te le faire, mais il y a des mecs qui le font mieux. Donc autant aller voir ces gars-là.

Et la demande la plus farfelue?
En général, les gens savent ce qu’ils veulent et savent chez qui ils vont en venant ici. Ils se sont bien renseigné et connaissent notre boulot. Donc pas de demandes farfelues en tête. Il y en a forcément, mais rien de bien marquant.

Et donc des détails supplémentaires concernant le salon de coiffure?
Ben avec le salon, ce qui est bien, ce n’est pas que des tatoueurs qui bossent avec des coiffeurs, nos clientèles se mélangent assez bien et sont assez curieuses l’une de l’autre, mais avant tout, l’avantage est dans la possibilité de travailler ensemble par le biais de shootings, d’expositions etc… De mélanger les deux univers dans un esprit collectif dépassant le tatouage et la coiffure. C’est ce que l’on essaie de faire avec Sanhugi. Mélanger le maximum d’activités inspirantes.

Vous êtes assez proches du milieu du graffiti, vous avez des graffeurs chez vous?
On n’a pas de graffiti artists ici, mais on a des potes tatoueurs qui graffent aussi. Et c’est vrai qu’il y en a des plus en plus. Ils ont un style graphique déjà bien ancré et ça donne des trucs assez sympas. Le milieu urbain commence à entrer dans le tatouage, il y a ce côté underground sous certains aspects qui est intéressant.

Et sinon des projets en cours?
Oui beaucoup. Oui pas mal de grosses pièces en perspectives. Beaucoup de style asiatique. Quand je dis asiatique, on va dire japonais, c’est le style qui prend le dessus, à savoir des samouraïs, des dragons, ce genres de choses…

Beaucoup d’heures de dessin évidemment…
Enormément oui. Ça ne s’applique pas qu’à moi, je pense que tous les tatoueurs, dès lors qu’ils ont fini une pièce dessinent. Tu rentres chez toi tu dessines, mais bon à un moment donné faut lever le pied et chercher l’inspiration. Ce n’est pas autant d’heures de dessin que sur un tatouage mais je peux passer environ 25 heures sur un dessin par exemple.

Il y a forcément des retouches liées à la demande du client…
Exactement! Et ça peut prendre énormément de temps. Compte tenu du fait que tu ne bosses jamais que sur un seul projet et qu’il y en a d’autres derrière, ça s’accumule.

C’est bien, les affaires tournent en tout cas!
On touche du bois. En tout cas j’ai beaucoup de chance de bosser sur de beaux projets que les gens nous proposent.

Et sinon le mot de la fin?
Venez vous faire tatouer! Ce n’est pas si terrible que ça, venez vous faire plaisir. Ça reste que du plaisir pour le tatoué et le tatoueur. C’est un moment privilégié, un bel échange. La peau reste le plus beau support.

EN SAVOIR PLUS :
FB : www.facebook.com/sanhugi
Site officiel : www.sanhugi.fr


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