Clôturons aujourd’hui le débat stérile qui oppose le mal de dos et le stress pour le titre de « mal du siècle ». Ce n’est ni l’un ni l’autre. Le mal du siècle c’est le procrastinome.
Un matin comme les autres, tu te réveilles en te sentant vaguement coupable, une sensation diffuse sur laquelle tu t’attardes avec ton mug de café dans une main et une tartine dégueulasse pré-confiturée que tu as acheté la semaine dernière dans l’autre.
Pourquoi cette sensation de culpabilité, est ce que c’est parce que tu as fait snooze 7 fois sur ton réveil ce matin, éclatant ton record de la semaine précédente ? En même temps, se lever 1h30 avant l’heure à laquelle tu es sensé partir travailler pour avoir le temps de prendre un bon petit déjeuner, c’est crétin. D’abord tu es en train de petit déjeuner, et les tartines pré-confiturée, c’est pas bon mais ça fait gagner un temps fou, et puis pourquoi vouloir aller travailler pour 9h30 alors que personne ne t’attend avant 10h (bon la, au mieux tu y sera pour 10h45 mais on ne va pas chipoter). L’abus de snooze est mauvais pour la santé morale, chaque tranche de 10 minutes de mauvais sommeil grappillé sur l’heure de partir, te tartine d’une couche supplémentaire de mauvaise conscience.
Tu aurais dû te douter qu’il y aurait incompatibilité avec Game of Thrones.
Mais le manque de sommeil t’a terrassé, impossibilité complète de te lever. Pourquoi ? Peut-être à cause du marathon Game Of Thrones du week-end. Devrais-tu culpabiliser sur une activité culturelle ? Non, sauf si la dite activité culturelle empiétait méchamment sur ta to do list du week-end. Avais-tu vraiment besoin de revoir les 6 premières saisons à la suite, pour être prêt pour le début de la prochaine saison dans deux mois (ça te laisse encore quelques week-end pour enquiller presque 50 heures, tu n’as vu qu’une saison en deux jours). Pouvons-nous établir une relation de cause à effet entre ton week-end canapé à regarder des gens s’étriper médiévalement et ta charrette de dimanche (de la nuit de dimanche, je précise vu qu’avant tu étais dans le canapé). Tu savais parfaitement que tu avais ce rapport de 4 pages à rendre lundi matin, tu ne pouvais pas ignorer que sur les 4 pages tu en avais écrit qu’une demi (le titre et un vague début de première phrase en fait), tu devais donc pouvoir déduire que les 3 pages 8/9ème restantes, tu allais devoir les écrire ce week-end. Tu aurais dû te douter qu’il y aurait incompatibilité avec Game of Thrones.
Samedi tu t’es dit que tu avais plein de temps, et que tu le ferais dimanche, à l’aise. Dimanche tu t’es dit que tu le ferais l’après-midi, juste un ou deux petits épisodes pour te réveiller. Dimanche après-midi, tu t’es dit que foutu pour foutu, tu finissais d’abord la saison 1, on verrait le rapport le soir, à la fraiche quand tout le monde serait couché et que l’appart serait calme. Aux toilettes entre deux épisodes, tu as réfléchi à un vague plan qui paraissait nickel, tu as même trouvé une deuxième phrase pour enchainer à la première. Du coup tu ne culpabilisais même pas en arrivant à la fin de la première saison, tu as même pris le temps de diner tranquillement. Et là, à la fraiche, une fois l’appart bien calme, tu as réalisé que tu avais oublié le plan et la seconde phrase, mais tu n’avais plus le choix, donc tu t’es pressé le citron jusqu’à pondre 4 pages médiocres, dans la douleur, et tu as rejoint ta couette qu’à 4 heures du matin, après 3 cafés et 12 clopes pour te tenir éveillé.
Mauvaise combinaison, l’abus de café et de clopes pour s’endormir, du coup tu t’es relevé pour regarder un dernier petit épisode (le premier de la saison 2 en fait) pour t’endormir. Bilan, endormi au mieux à 5h30, première sonnerie de réveil à 8h…snooze, snooze, snooze… et la manifestement, retard. Tout ça parce que tu travailles trop. La preuve, tu as ramené du travail à la maison ce week-end. Tu travailles trop ou tu es trop mal organisé, parce que ce rapport de 4 pages tu savais que tu devais le rendre ce lundi depuis facilement 15 jours. Tu avais plein de temps pour l’écrire en fait, lui et tous ses petits frères, bilans, compte-rendu, mémos et autres que tu termines toujours à la dernière minute, de nuit, chez toi, souvent sur ton temps de sommeil.
Tu as toujours tellement de trucs en retard au boulot que tu ne sais même plus quoi remettre à demain,
Pourquoi ? Parce que tu as un putain de procrastinome stade 4 avec des métastases de flemmes disséminées partout.Depuis tout môme, tu préfères jouer à la console plutôt que de t’avancer pour tes devoirs. Tu n’as jamais révisé plus tôt que la veille pour le lendemain. Tu as souvent terminé tes dissertations de philo dans le bus, en allant les rendre. Et ça ne s’est jamais amélioré. Jamais.
Aujourd’hui Tu as toujours tellement de trucs en retard au boulot que tu ne sais même plus quoi remettre à demain, mais si jamais tu avais 5 minutes tu les passerais à prendre un café avec collègue favori plutôt que de t’avancer sur un truc pas encore à la bourre. C’est même pas tant que tu n’aimes pas ton travail, c’est juste qu’il y a tellement de trucs que tu aimes mieux, comme regarder plein de séries, ou aller au cinéma, ou discuter avec des potes, ou finir un bouquin, ou ne rien faire du tout. Tu as un procrastinome tellement avancé que tu préfères rester dans le canapé à observer l’ombre de tes orteils sur le mur que de répondre au courrier des impôts, ou vider le lave-vaisselle. Tu aimes tellement ne rien faire que tu pourrais écrire un livre sur le sujet, mais pas maintenant, peut-être demain.
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