[dropcap size=big]J[/dropcap]e viens de lire un article révoltant. Une jeune femme se fait agresser sexuellement dans le métro, réagit sur la toile en mettant des mots, justes, sur la où ça fait mal, et se fait agonir d’injures par une bande d’abrutis bas du front, forts de leur bon droits de proto-humains en rut. La salope, elle était en jupe.
Le mois dernier l’ai lu un autre article révoltant, qui racontait qu’une gamine de 14 ans victime de viol en réunion et qui avait osé porter plainte et demander réparation, se faisait pourrir la vie, menacer et désepérer par toute la communauté hypocrito-puritaine de la petite ville américaine ou elle et ses agresseurs (impunis les agresseurs bien sur) vivaient.
Je suis sure qu’en fouillant un peu sur le net j’en trouverais des caisses, d’articles révoltant, racontant des viols, des agressions sordides impunies le plus souvent et ou la victime se trouve pilorisé (ça existe pilorisé ? On s’en fout vous avez compris) par une société qui encourage la culture du viol, une société qui légitimise le fait qu’une fille en jupe c’est un appel au viol, ou qu’une fille sexy ne mérite pas le respect, ou qu’une fille avenante qui va boire un verre avec des garçons ne récolte que ce qu’elle mérite: le viol !
Je m’insurge, je m’offusque, je vitupère et la je me prend en pleine gueule une scène qui a eu lieu il y a quelques mois :
Ma fille de 17 ans et demi, toute jolies gambettes et silhouette fraiche, me rejoint devant un cinéma dans Paris vers 20 heures. Elle a pris le métro pour venir, normal, c’est une petite parisienne qui prend le métro tous les jours.
C’est l’hiver il fait nuit, il y a plein de monde, on va au cinéma et ce n’est qu’en sortant que je prends conscience des regards insistants de plusieurs hommes sur ma fille. J’observe et note avec effroi que sur ses collants noirs et ses jolis gambettes, elle n’a mis qu’une courte petite jupe. Plein d’effroi maternelle, outrée par les regards concupiscents de ces messieurs, j’exteriorise mon inquiétude dans une copieuse engueulade dirigée sur…. ma fille.
Moi !
Moi qui m’offusque de ces articles et des réactions primaires et basses de certains spécimens masculins !
Moi qui hypocritement masque mes généralement généreux décolettés dès que je rentre dans les transports en communs !
Bam : encouragement de la culture du viol.
Accord tacite du code de répression des jambes.
Légitimisation de toutes les conneries qui me herissent !
J’engueule vertement ma fille de s’être promenée en jupe courte alors qu’elle allait prendre le métro, seule de surcroit, et à la nuit tombée en plus.
C’est bien connu, la nuit tous les chats sont gris et toutes les filles en jupes sont donc :” des sacs à bites” ?
J’ai interdit à ma fille de remettre cette jupe pour aller au lycée, prendre le métro, aller faire les courses… à la maison à la rigueur. Pourquoi ne pas la couvrir de tentures pour la protéger de la concupiscence masculine pendant que j’y suis (oui parce qu’en plus j’ai l’hypocrisie de penser que toutes les femmes devraient refuser qu’on ne les transforme en tringle à rideau au nom d’une religion ou d’une autre, alors que je viens de délivrer le même message au nom de sa sécurité !)
Sur le coup, je me suis drappée dans mon bon droit de mère. Je lui ai expliqué et ressassé que non, une jupe aussi courte ça ne se promenait pas dans la rue, la nuit, le métro… que c’était dangereux, que le vaste monde était plein de connards violeurs, peloteurs, mateurs (ce qui est manifestement vrai) et qu’il fallait éviter de les provoquer pour éviter de se retrouver violée, pelotée, matée… ce qui est….
Faux ? Non hélas, pas faux les statistiques sont là pour le prouver.
Pas faux mais inadmissible ! Inacceptable ! Inqualifiable !
Le monde est plein de jeunes ou moins jeunes, jolies ou moins jolies, gambettes qui ont le droit de se promener court vêtues sans pour autant appeler au viol.
Se promener en jupe, ou décolletée, ou sexy, ou dans QUELQUE TENUE QUE CE SOIT, ne devrait jamais servir de justification à un viol, une violence, verbale ou physique !
Au lieu de stigmatiser les jupes, on devrait toutes inscrire nos filles à des cours de karaté ou de Krav-maga et leur apprendre à défendre leurs gambettes. Créer la brigade des putes, laisser courir partout des gambettes fières et sures d’elles.
Mais surtout, surtout, on devrait éduquer nos fils, nos mecs, nos pères, nos amis, tous les porteurs de bite à respecter toutes les gambettes, les belles, les grosses, les longues, les fines, les mal gaulées, toutes, sans exception.
Parce qu’en vrai, la culture du viol que nous véhiculons tous à des degrés différents, n’a qu’une cause : l’irrespect primaire, et les bites aussi, souvent.