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Le rendez-vous a été donné un 23 décembre. C’est le bordel, j’ai pas encore fait mes achats de Noel. C’est durant ma pause de midi que je dois retrouver Philippe Hamon devant la gare du nord pour une interview qui dans ma tête aurait dû être pliée en 20 minutes chrono. Loupé, on a papoté plus d’une heure. Rencontre avec un photographe passionné ayant cotoyé pas mal de légendes.

Salut à toi, peux tu commencer par une petite présentation?
Et bien Philippe Hamon, j’ai 59 ans et ça fait 38 ans que je gravite dans le milieu de la photo. Dans le domaine essentiellement musical. Dans le milieu Rock depuis 1975 environ. J’ai travaillé pour des journaux spécialisés ou non. Ca allait de Rock & Folk en passant par Telerama jusquà VSD. C’est assez varié et en dehors de mon parcours Rock, Folk, Blues, Jazz m’a amené à rencontrer des gens de la culture Hip Hop à Sarcelles (95). Moi même étant originaire de la ville de Sarcelles, le mouvement Hip Hop m’a interpellé à l’âge de la quarantaine. J’avais des voisins qui s’appelaient Stomy Bugsy, Passi qui un jour m’ont demandé de leur faire des photos. J’ai commencé avec Secteur Ä, Ministère Amer… De ci de là, j’ai enchainé de Paris à Marseille. Jusqu’à maintenant je continue de travailler dans le milieu Hip Hop, surtout le Rap. C’est un milieu que j’aime beaucoup et que j’aborde avec passion. De Sarcelles en passant par Paris, il m’est même arrivé d’aller jusqu’aux Etats Unis pour shooter des mecs comme RZA, De la Soul etc…

On va y venir. La deuxième question concerne le fait que tu as shooté énormément de légendes en commençant par le rock, donc. J’ai vu pas mal de photos passer, même si je connaissais déjà ton travail. Comment tout cela a démarré en fait?
Ben, jeune j’ai fait un CAP d’ébéniste, j’ai réussi brillamment. Ensuite j’ai mis le pied dans le monde du travail, je sais pas, peut être que j’étais dans la catégorie des fainéants (rires). Enfin disons que j’ai travaillé un an dans l’ébénisterie et ça ne l’a pas fait. En parallèle j’avais la passion de la photographie, j’écoutais du Rock. Mes idoles étaient évidemment les Rolling Stones, Rory Gallagher, David Bowie, Lou Reed etc.

Mick Jagger - © Philippe Hamon

Mick Jagger – © Philippe Hamon

En sortant de l’armée, je me suis dit : “Je suis photographe.” Enfin, plutôt “Je veux être photographe.” J’ai commencé comme ça, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai été paparazzi. Au début je n’avais pas de connections, ce n’est pas le tout d’acheter un appareil photo… Bref, pour faire court, je voulais photographier des rockeurs. Tant qu’à faire des rockeurs qui pèsent! On parle des années 70 à 80. Ca me passionnait. J’ai commencé à faire des mecs comme les Stones en Paparazzi, j’avais mes contacts. J’allais au studio de Boulogne avec mon frère jumeau, à trois heures du mat’ voir les Stones arriver un par un. Mon premier contact avec Mick Jagger (il avait sa barbe) il me dit (en imitant l’accent anglais) : “Toi tu es un dégueulasse!” et moi : “non, non, Mick.”, mais je l’ai shooté quand même. (rires) J’ai eu de la chance, c’était une des premières photos de lui barbu. L’agence Gamma me les a achetées, ça a été diffusé dans plein de journaux. Ca m’a mis un peu en confiance. J’ai donc bossé pour Gamma, c’est Raymond Depardon qui m’y a fait rentrer. J’y ai commencé au labo noir et blanc. Ca m’a permis de fréquenter des photographes, que je connaissais en lisant des magazines photo. Depardon, Francolon, Salgado, qui sont quand même des poids lourds de la photo. A l’époque je développais leurs films noir et blanc. Donc j’ai beaucoup appris en travaillant dans l’ombre. De fil en aiguille, j’ai quitté Gamma, on a monté notre propre agence Stills, axée showbiz, cinéma et rock.

J’ai donc bossé pour Gamma, c’est Raymond Depardon qui m’y a fait rentrer. J’y ai commencé au labo noir et blanc. Ca m’a permis de fréquenter des photographes, que je connaissais en lisant des magazines photo.


A l’arrivée de Mitterand au pouvoir (1981), il y a eu une explosion dans la presse, ça c’est ouvert de toutes parts. Avant il y avait essentiellement la presse spé : Best, Rock & Folk etc… Et d’un seul coup, la presse généraliste a ouvert ses pages culture au Rock n Roll. Avec la presse spécialisée c’était bien, c’était payé, mais c’était essentiellement des petits tirages. Donc là, quand tu avais des tirages de Mick Jagger, d’Higelin ou autres qui paraissait dans Match, là, c’était des tarifs 20 fois plus intéressants! A cette époque on bossait également avec des photographes comme Lynn Goldsmith, une photographe américaine qui étais branchée avec Bruce Springsteen etc. Donc ça marchait très bien. Ensuite j’ai quitté l’agence, pour des raisons personnelles et je suis devenu indépendant. J’avais un agent qui me permettait de toucher certains journaux et gérer mes droits d’auteur. Ce que je n’aurais pas pu avoir tout seul. Les photos étaient diffusées aussi bien en France qu’à l’étranger. Suède, Vénézuela etc.

Pour en revenir au rap, Tu a été témoin d’une certaine époque de la scène française…
J’en tire aucune gloire, je crois que je suis le seul à traiter le sujet photographique en France sur la culture urbaine. Je le dis parce qu’on me l’a redit encore hier. Des gens comme Desh, Passi qui préparent une expo à Sarcelles fin janvier, ils me disent : “Putain Philippe t’as tout!” Bah oui, pas tout mais enfin, y a beaucoup parce que moi je reste très longtemps. J’ai passé deux ans à Blackdoor, c’est un studio à Saint Lazare où ils sont tous passés à l’époque, Kery James, 113,  Akhenaton, première classe, enfin quasiment tous, Sarcelles, Marseille… Donc moi j’étais là, c’était presque ma maison Blackdoor. J’ai quand même fait beaucoup de photos. Par exemple quand j’ai rencontré Diams, qui avait 17 ans à l’époque, Mélanie, à Blackdoor, tu la vois toute fraîche, toute pétillante, et je vois celles que j’ai faites après, donc il y a une évolution. Même OXMO, en 94 et 95, quand je vois les photos avant et les photos après que j’ai faites, les mecs se disent : « ah ouais, quand même, t’étais là! »

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Kery James – 2001 – © Philippe Hamon

Tu a été un témoin privilégié, quoi.
Ben disons qu’ils me font confiance, tu vois, parce que moi je ne trahis pas au niveau photo. On voit les photos ensemble. Je ne suis pas du genre à venir, prendre ma photo et “salut!”. Moi je suis dedans, je m’implique, que ce soit pour les rappeurs ou les rockers, c’est pareil. J’aime que ce soit validé par l’artiste. Je me rappelle j’avais laissé à Franck Zappa des photos que j’avais faites la veille, j’avais travaillé en labo toute la nuit avant qu’il reparte chez lui à Los Angeles. J’étais allé à son hôtel sur Paris et je lui avais déposé les photos à la réception. L’attaché de presse m’avait remercié et fait part de l’étonnement de la part de Zappa. C’est comme ça que je fonctionne, tu vois, par respect. Tu prends la photo de quelqu’un, le minimum c’est de voir les photos ensemble surtout si c’est pour travailler avec. C’est comme ça que je fonctionne. Au fur et à mesure ils ont vu que j’étais pas  arrivé comme certains dans le rap pour me faire un billet. Oui je me suis fait un billet avec Sony, Warner, des trucs comme ça, normal. Mais moi ça m’a permis de voir autre chose, les gens avaient confiance, tu vois.

Joe Cocker pareil. Je l’ai beaucoup suivi. Je l’avais pris en photos à l’époque où il était considéré comme mort.

Et aujourd’hui, tu vis toujours de la photo?
Je vis plus avec des vieilles photos, je vis plus avec les anciennes photos d’archive qu’avec des photos qu’on me commande actuellement. Je travaille aujourd’hui certes, j’ai moins de commandes. J’ai des trucs qui tombent, comme pour le groupe Téléphone,  j’en ai énormément et là ils ont sorti le coffret vinyle. J’ai suivi tous ces groupes à l’époque pour des journaux, pour des agences et tout. Donc, il y a quelques années, ils ont encore choisi une de mes photos. Je me fais des droits d’auteur comme ça, c’est ce qui fait un peu tourner ma boite. Ca me permet si tu veux de bouger à droite à gauche, tu vois, bon pour l’argentique, y a des frais, des trucs, des machins. Moi ça me permet tous les jours d’avancer avec mon argentique, je shoote un peu en numérique quand même.

Et donc dans tout ton parcours t’as certainement des rencontres, mémorables. La meilleure que t’as pu faire, c’est qui ?
Ben y en a plein. Tu sais dans l’expérience photo il faut un certain feeling avec les gens. Quand tu passes une heure ou deux jours de photos pour un concept, un truc, un machin, faut que ça passe, tu vois, faut pas que ce soit un calvaire. Des fois tu vois que la séance photo est imposée à l’artiste. Ca m’est arrivé, après en prenant de l’âge de dire bon, on peut décaler, on peut refaire.  Quand tu fais une photo, c’est un acte d’amour, tu vois… Ce que je veux dire, je suis content, les gens sont contents, c’est pas grand chose la photo, c’est une image. Alors donc les artistes, oui il y a un feeling. Moi je me rappelle avec Roxy Music, avec mon frère, à chaque fois que Bryan Ferry venait à Paris on faisait ses photos. Le fait qu’on lui apportait les photos à l’hôtel, ça les interpellait, ils avaient le choix. Donc si tu veux ça crée des liens. Tu les revois à Londres pour une interview, les mecs sont à l’aise. Il y a un sourire, un truc. C’est pas des copains, mais il y a une certaine complicité.

Charlélie Couture par contre c’est à chaque fois, il est venu à Saint Brieuc, on se voit, on garde un bon lien. Pour le nouvel an, il m’offre une aquarelle, enfin tu vois y a un truc. Joe Cocker pareil. Je l’ai beaucoup suivi. Je l’avais pris en photos à l’époque où il était considéré comme mort. La période où Chris Blackwell, un producteur, l’a repris en main et moi j’ai eu la bonne idée, en 1982 de le faire. Tu sais, c’était ma vedette quand j’avais 15, 16 ou 17 ans. Joe Cocker c’est mon coup de cœur, c’était à l’époque de Sheffield Steel. J’ai décroché un rendez-vous photos à New York avec lui. Le rendez-vous a été  facile a avoir. Et ça c’était peu de temps avant cette signature avec Chris Blackwell, ce qui fait que moi j’ai fait les photos quelques mois avant son come back. J’avais les photos récentes et c’était important. J’avais eu le temps,  j’avais passé 3 jours avec lui. On se revoyait à Paris lors d’un concert, aux balances le mec venait te dire bonjour, enfin c’était sympa. Donc, oui parfois y a du lien et d’autres fois non, y a rien qui sort.

Joe Cocker 1982 - Philippe Hamon

Joe Cocker 1982 – Philippe Hamon

Avec Téléphone aussi parce que j’y suis habitué, mais attention d’autres photographes que je peux nommer, Claude Gassian, Christian Rose aussi qui bossait plus sur les guitares et les claviers. C’est des anciens, Mondino aussi qui faisait beaucoup de choses , enfin qui fait toujours d’ailleurs beaucoup de choses, c’est un très très bon photographe Jean-Baptiste Mondino. Donc si tu veux je ne suis pas le seul non plus, chacun a sa façon de faire. Claude Gassian arrivait à faire deux concerts en une soirée, des fois trois! Moi par exemple, j’essayais d’y aller l’après-midi, enfin si ça se passait bien je shootais pendant les balances, dans la loge, je revenais pour le concert, et ensuite je restais tout le concert. Alors que d’autres photographes, repartaient au Palace ou ailleurs… Moi je restais pour essayer d’avoir un maximum de bonnes photos tu vois. Toujours essayer de rester le plus longtemps pour faire un maximum de photos si c’était possible, en général ça se passait pas trop mal.

Avec le Wu-Tang ? Ben disons que, les mecs,  t’as l’impression qu’ils te prennent pour un photographe tchétchène (rires).

Et donc là tu me parles de bons souvenirs et tout ça mais est-ce que tu as eu des mauvais souvenirs?
Pas tant que ça, y a eu des trucs chiants… Une séance photos avec les Pretenders, j’sais pas si ça te dit quelque chose avec Chrissie Hynde. Elle faisait carrément chier, quoi. Elle vérifiait les objectifs des photographes, la focale, parce qu’elle voulait pas de portrait, elle voulait des photos qu’avec les musiciens, ce qui était bien mais t’imagines un canard qui fait un sujet en principe il passe une photo du groupe, une double par exemple et ensuite un portrait de Chrissie Hynde en pleine page. Ben non, là fallait pas, fallait faire que le groupe. Donc, ça, j’avais pas trop aimé. Mais en général j’ai pas vraiment de mauvais souvenirs. Juste des déceptions de pas avoir fait certains artistes.

Mais j’avais lu dans une interview que tu disais que ça ne s’était pas super bien passé avec le Wu-Tang.
Avec le Wu-Tang ? Ben disons que, les mecs,  t’as l’impression qu’ils te prennent pour un photographe tchétchène (rires). Tu dis que tu viens de France… Ils savent pas, mais moi ça me choque pas tu vois, je suis pas choqué. Mais si tu veux, bon, l’attaché de presse te dis qu’ils ne sont que  deux mecs du Wu-Tang, il y avait RZA et j’sais plus qui, et on m’dit soit l’un soit l’autre mais pas les deux. Tu fais le trajet Paris New York pour ça? J’ai dit non, c’est pas la peine. Ca s’est fait finalement, mais contre un mur. 6 minutes 30 de photos à l’arrache. Les mecs, c’était un calvaire. Peut-être que ça aurait été Annie Leibovitz pour Rollingstone magazine, peut-être que ça aurait décanté les choses dans leurs têtes. Mais le Philippe Hamon, Paris, euh en Tchéchénie, voilà. Ils m’ont pas craché dessus mais désagréables quand même. Puis un groupe de hard rock aussi. J’suis parti. C’était pour Rock & Folk, à Londres, c’était un groupe dont j’ai oublié le nom, enfin un truc qui cartonnait. J’avais commencé le sujet à Paris avec eux et à Londres, j’arrive, même scénario quoi. Alors là j’suis parti, tu vois…. Sérieux, c’est pas que je suis caractériel, mais j’peux pas faire des photos avec des gens qui veulent pas quoi. A tirer la tronche et  tout faire pour te niquer la photo, donc c’est pas la peine.

C’est quel groupe ça ?
Faudrait que je cherche dans mes archives, j’ai plus le nom, c’est dans les années 2000 2002 j’crois . C’était un nouveau groupe… Impossible de me rappeler leur nom. Mais c’est un groupe qui pesait à l’époque. Mais voilà, les mauvais souvenirs tu vois,  en général, ça se passe plutôt bien. Et la particularité aussi dans la photographie, faut être patient, la patience, patience, patience.

T’as bossé dans le milieu du rock, le milieu du rap, une préférence ?
Si j’ai une préférence ? Entre le rock et le rap ? Je peux dire honnêtement je préfère le rap. Mais j’ai toujours les vibrations du rock. Le rock & roll, si tu veux c’est l’énergie de la musique. Moi ce qui m’a touché dans le rap, avec ces gars, c’est les textes. A l’époque moi dans ma voiture, je mettais Ministère A.ME.R. quand je circulais en bagnole, « Brigitte femme de flic », « Cours plus vite que les balles », enfin tu vois. Moi j’aime, ça me parle, tu vois ce que je veux dire? J’aime bien Kery James ou des groupes comme 113, avec cet humour, ce côté tu vois le gros titre qu’ils avaient fait. Oui le rap parce qu’il y a un truc. Ils disent quelque chose. Tu vois moi j’adore Dany Dan, la Rumeur, des gens comme la Brigade dont t’entends pas, tu vois à la télé on voit que Akenathon à Canal Plus, Oxmo Puccino parce qu’il est avec Juliette Greco. Moi j’adore Oxmo, c’est un gars qui fait des trucs, il est excellent et tout. J’ai vu des trucs sur Sky, des free-styles, des trucs avec Dany Dan, des trucs de 17 minutes, pour moi c’est géant quoi. Oui j’ai une préférence, je me sens plus impliqué dans le dedans plus que dans la partie rock & roll.

Motorhead - 1983- © Philippe Hamon

Motorhead – 1983- © Philippe Hamon

Mais les rappeurs sont plus faciles à gérer que les rockers ou vice versa ?
Je dirais euh quand par exemple, on me dit rendez-vous à telle heure? Je sais qu’il y aura deux heures, quatre heures de décalage, c’est pour ça que je parlais de patience. Moi je ne suis pas là pour imposer… t’attends ou t’attends pas, moi après je passe à autre chose.  T’acceptes ou t’acceptes pas, dans le milieu c’est pas toi qui va faire changer la loi, les règles. Moi je ne me sens pas plus rappeur, je viens pas en Adidas ou en Nike photographier untel ou untel, je viens comme je suis. Mais je bouscule pas non plus les gens.

J’imagine que parfois ça doit être quand même difficile
Carrément une fois un mec qui pesait lourd, je me rappelle plus le nom, un rappeur américain, à Paris, j’y vais pour le magazine RER avec Jean-Eric Hérin et vlà que l’attaché de presse me dit :  “on va pas faire les photos, il est parti  avec (machin) faire des courses (c’était à l’époque de Noël) il fera pas les photos”. C’est ça que je reproche aux mecs US, ce côté de nous prendre pour…

Pas les rappeurs, ils trouvent qu’il y a un style, enfin ils respectent tout à fait le rap , c’est le deuxième marché encore je crois en France. Mais si tu veux au niveau promo, pour eux si tu veux c’est pas grand chose au niveau des ventes. Pour le Wu-Tang faire 4 pages ou 6 pages plus la couverture de RER c’est bien, mais faut vraiment qu’ils aient un moment, qu’ils soient tous en phase de dire “bah oui on a le temps”. Moi j’avais revu RZA à Paris, ça s’était bien passé, il était tout seul, y avait pas d’attaché de presse, des conditions étaient autres.

T’as des projets d’expos ?
Oui, justement là je vois les gars de la Scred Connection, là tout à l’heure, parce qu’ils font un festival qui va avoir lieu début janvier (l’interview a eu lieu fin décembre NDLR) et il m’a appelé pour les photos que j’ai faites à l’époque de Fab, de Koma également, j’ai fait pas mal de pochettes, pratiquement toutes de Fabe mine de rien, des photos qui ont été reprises, j’ai beaucoup bougé.  Donc il y a de la matière, y aura certainement des photos d’autres photographes mais donc ils veulent mettre des photos de Fabe, avec Haroun, Mockless etc… Il y a aussi une expo pour ce festival et à Sarcelle fin janvier un projet d’expo importante.

Mais t’as jamais sorti de livres ?
Ben si tu veux…y a d’autres photographes qui le font, moi je fais pas, parce que j’ai pas la tête à ça. Moi ce que je voudrais faire, en projet par contre, comme ça fait 38, un peu plus, d’années de photos quand même. Du début, donc ces années fin 70 à maintenant, si tu veux moi y a un truc à faire, on en discutait avec un gars qui s’appelle Azzdine Koukeb  qui est directeur artistique, il va peut-être reprendre le Palace là d’ailleurs. C’est un gars de Sarcelles. De faire un livre de ces 38 ans. Parce que si tu veux quand moi je vois les gens que j’ai photographiés dans le Blues, comme Albert Collins, Muddy Waters, John Lee Hooker, Chuck Berry, et ces groupes anglais, américains… J’ai eu l’occasion de les photographier.  Donc si je fais un bouquin, moi je voudrais allier tout et avec Azzdine qui a eu cette idée, si tu veux c’est du champ de coton au champ à aujourd’hui . Le blues, le cheminement des anglais, des français, des américains qui prennent on va dire ce répertoire rock avec des rythmes de tous les bluesmen, Chuck Berry… Si tu veux dans les années 80, même un peu avant enfin aux Etats-Unis ce mouvement hip-hop, rap, graff, moi j’ai raté un truc en 81, une journaliste bossait pour Libération et elle me dit : “Philippe, faut absolument qu’on rentre dans le sujet du hip-hop américain, ils se passe quelque chose.” Et à l’époque moi j’étais quand même intégriste rock and roll et le rap… Je sais pas, j’ai loupé. Et je m’en mords les doigts maintenant, par rapport au vécu que j’ai et aux rencontres que j’ai faites en mettant le pied dedans bien plus tard. Mais bon, je suis surtout axé  sur ce qui passe en France. Je ne suis pas obnubilé par Docteur Dre par exemple.

Comment vis tu l’heure du tout numérique?
Je suis d’une génération malgré tout, même si je me sens bien dans l’époque, mais moi j’aime bien l’objet tu vois. Le CD c’est bien mais le vinyle est revenu grâce aux rappeurs. Tu vois Johnny Hallyday, tout le monde, tous ils font des vinyles. Téléphone, vinyle, coffret vinyle, tout, la complète. Et c’est un peu les DJs qui ont remis la fameuse platine en route. Et voilà quoi, il y a l’objet. Un bouquin moi j’aime bien, je ne peux pas lire sur internet. Moi j’en suis là mais je trouve ça génial, la technologie, internet, mais bon y a le pire et le meilleur, mais moi je suis bien dans tout ça. Mais dans ma génération, j’ai encore le côté objet, que les jeunes, bah voilà ..Moi je vois mon fils qui a 30 ans, j’ai du mal des fois à scanner un truc qui pour lui, va paraître tout bête, et moi même avec la notice, j’ai du mal parce que ça parle en giga machin, en truc… Tu vois les photos c’est aujourd’hui on met ça dans une clé. Tu mets des centaines voire des milliers de photos, moi je suis arrivé avec mes négatifs, pour Koma, pour Sarcelle, j’ai acheté des valises. J’ai dit en arrivant hier, vous voyez, j’ai ma “clé usb argentique”. Mais si tu veux moi les photos dans les clés, les puces, les fils électriques etc… Moi j’ai des tiroirs, j’ai des négatifs, un classeur, j’ai pas grand chose d’archivé sur internet. Je perds du temps c’est sur à ce niveau là, mais j’adore ça mais j’ai du mal à fonctionner, tu vois, sur internet. C’est compliqué quoi.

Donc si je te dis est-ce que tu as un site tu vas me dire non.
Non, moi je mets des trucs sur Facebook, c’est tout à fait ludique. Je veux dire à la limite je rigole là-dessus. Tu vois je mets que des photos, des sons. Ca va passer de Daniel Darc  au Ministère A.M.E.R., une photo de Bowie d’un seul coup Djamatik, tu vois c’est un peu décousu. Une fois y a un mec qui a kiffé sur une photo de Mick Jagger. Il me dit qu’il veut acheter la photo. Je lui demande son adresse, je lui envois. Le mec : “whaou!” Je suis content. Le mec il dit que ma photo est belle, il veut l’accrocher, je lui emboite, je lui envoie le tirage. Voilà voilà, c’est un peu ma façon de faire. Passionné musique et photo. Tu vois moi ma vie elle ne sera jamais à la fin, chaque jour est un jour différent.


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